21h06. Moment particulier. Sting est sur scène, accompagné de Dominic Miller à la guitare, Vinnie Colauita à la batterie et du trompettiste Ibrahim Maalouf. Les spectateurs attendent un signe, un geste, une parole pour pallier à cette ambiance si pesante. En mémoire aux victimes du 13 novembre 2015, le chanteur prononce ses quelques mots doux « Nous avons deux tâches : d'abord, se souvenir et honorer ceux qui ont perdu la vie, ensuite, célébrer la vie et la musique. J'aimerais que nous observions une minute de silence. »
Un silence chargé d’émotions et de souvenirs. Il termine cette minute par ses sages paroles « Nous ne les oublierons pas » et débute le concert. Les premières notes après une année sonnent comme une renaissance, un appel à l’âme de cette salle. Le concert commence par « Fragile », un titre paisible qui d'ordinaire clôt les concerts de Sting : « Nothing comes from violence and nothing ever could » (« Rien ne naît de la violence et n'en naîtra jamais »). S’ensuit les morceaux qui ont fait le succès du chanteur, « Message in a bottle », « Every breath you take », les visages se décrispent peu à peu, laissant place aux sourires, à la joie, aux cris de joie, à la joie de vivre.
Le chanteur devait jouer une heure, il en jouera presque deux. Les recettes iront aux associations de victimes. Un rappel, puis deux, puis Sting revient seul. Derrière lui, apparaît une photo de James Foley, un reporter américain assassiné par l'Etat islamique en 2014. Le chanteur et bassiste de Police prend une dernière inspiration : « Cette chanson est pour lui, sa famille, et pour toutes les familles qui ont perdu un être cher ce soir. Elle s’appelle "The empty chair". En français : La chaise vide ».
Les lumières se rallument. Le Bataclan se vide peu à peu. Certains s'accrochent au bar et aux bières pour étirer l'instant. Jules Frutos, Olivier Poubelle, les patrons du lieu, et Jérôme Langlet, président de Lagardère Entertainment, qui ont tant hésité avant d'organiser ce concert sont heureux. Sting a exorcisé le Bataclan. Dehors, des dizaines de caméras essaient de saisir les réactions du public. Le lendemain, devant le Bataclan et ailleurs dans Paris, des plaques seront apposées à la mémoire des 130 victimes des attentats de Paris.