"Memento Mori" est le premier album de Depeche Mode depuis la disparition d'Andrew Fletcher et cela se ressent dans le disque, notamment dans les paroles de Dave Gahan comme on a pu le lire dans le très intéressant entretien que le groupe a donné au Parisien.
"Nous avions déjà enregistré beaucoup de choses et Fletch n’avait rien écouté (il réfléchit). Mais oui. Quand vous créez quelque chose, ce qui arrive dans votre vie se retrouve forcément dedans. Il est très présent dans cet album, d’une certaine manière. Je pense que j’ai chanté pour lui, inconsciemment. Fletch a toujours protégé Martin, il était sa voix auprès de moi. Et sans lui, j’ai senti qu’il fallait que je protège Martin… Cela nous a rapprochés et cela a eu un impact sur le disque."
La réflexion a même été plus loin pour le groupe qui a hésité, un temps à arrêter l'aventure Depeche Mode.
"Plusieurs jours après sa mort, Martin et moi avons eu une conversation en FaceTime. Nous devions aller à Santa Barbara (Californie, États-Unis) pour poursuivre l’enregistrement. Et Martin m’a dit : « Nous allons continuer, n’est-ce pas ? » Et je lui ai répondu : « Oui, bien sûr ! » Nous étions d’accord : nous devions finir cet album ensemble. Et nous avons pris l’avion pour Santa Barbara. Sans Fletch, tout était différent. C’était dur. J’ai souvent pensé à lui pendant l’enregistrement. On partageait le même hôtel et il avait coutume de se mettre à sa fenêtre pour fumer. Certains matins, j’avais l’impression de sentir encore cette odeur… C’est fou. La chanson « Ghosts Again » parle de cela, et elle a pourtant été écrite avant sa disparition."
Alors Dave Gahan et Martin Gore ont décidé de poursuivre leur oeuvre pendant, sans doute à juste titre, que c'était le meilleur moyen de rendre hommage à leur compagnon disparu même si son absence est criante et laissera un énorme vide dans la vie du groupe.
"On ne peut pas remplacer Fletch sur scène, il était unique. Mais nous allons faire quelque chose pour lui, une chanson qu’il adorait et des images d’Anton Corbijn. Ce sera un hommage simple et de bon goût. Car c’est une performance et les gens viennent pour s’amuser… Et puis, nous lui avons fait nos adieux à ses funérailles. C’était très triste ! C’était si soudain, si difficile à accepter. On pleurait tous, on se prenait dans les bras."